Madeleines aux tomates séchées, à la mozzarella et au basilic

L'homme et le gorille ont un ancêtre commun.

Ca remonte à loin, sept millions d'années au bas mot, mais il nous en reste quelque chose. Et pas juste au niveau du génome, que nous partageons à 96% avec le primate sus-nommé.

J'en veux pour preuve une scène à laquelle il m'a été donné d'assister récemment, dans un restaurant chinois très coté de la région liégeoise (où ils préparent des Saint-Jacques à tomber, saisies juste comme il faut, croustillantes et fondantes à la fois, que même mon pote Didier-le Roi-de-la-Coquille ne renierait pas).

Se sont installées à la table voisine de la nôtre quatre personnes: un monsieur et une dame d'âge mûr, et deux messieurs sensiblement plus jeunes.

Afin que vous perceviez bien toute la pertinence du parallèle établi, et surtout que vous ne puissiez pas penser que tout ceci n'est rien d'autre qu'un délire socio-éthologique issu d'un cerveau embrumé par les vapeurs de Chambolle-Musigny, je me propose de rafraîchir rapidement vos connaissances gorillesques.

Les gorilles, comme tous les primates (et donc comme les hommes), se distinguent par leur faculté à vivre en société. Cependant, leur système social est entièrement fondé sur la force.

C'est là que le parallèle avec les hommes s'arrête? Pas si sûr... Ce que j'ai pu observer au restaurant ce soir-là m'a étrangement fait penser à la parade d'intimidation du gorille dit "à dos argenté", le mâle dominant de son clan. Cette parade est très ritualisée, et comporte 5 étapes distinctes:

  1. Le dos argenté s'assoit et émet une série de grognements.
  2. Il se lève puis arrache une poignée d'herbe qu'il jette en l'air.
  3. Il se frappe la poitrine avec force.
  4. Si l'adversaire n'a pas été impressionné, le gorille charge en rugissant.
  5. Il s'arrête brusquement et frappe le sol.

Par comparaison, voici décrite la parade d'intimidation que j'ai pu observer:

(1) Le crâne argenté s'assoit et émet une série de grognements lorsque les deux messieurs plus jeunes annoncent qu'ils ne boiront pas de vin. Il commande néanmoins, pour lui et son épouse, un vieux bordeaux TRES prestigieux et donc TRES cher, ce qu'il ne manque pas de faire remarquer de façon appuyée aux deux messieurs plus jeunes.

(2) Un peu plus tard, il hèle le garçon et lui tend ostensiblement son assiette dans le but de la renvoyer à la cuisine. Motif: ce n'est pas suffisamment chaud à son goût.

(3) Au garçon qui réagit de façon très professionnelle, lui disant sans se départir de son sourire: "Aucun problème, Monsieur, on va vous changer ça immédiatement", le crâne argenté répond sèchement en parlant très fort que non, ce n'est pas la peine, maintenant il n'a plus faim.

(4) Le garçon ne s'étant manifestement pas montré suffisamment impressioné, le crâne argenté le hèle à nouveau et lui fait remarquer (toujours de manière à ce que la moitié de la salle en profite) que les messieurs plus jeunes ont commandé la spécialité n°83 et que celle-ci est normalement accompagnée de 4 sauces différentes et que là il en manque une et que c'est quand même formidable, tous ces manquements dans un restaurant qui se veut gastronomique.

(5) Le garçon (un vrai pro, chapeau bas) refusant décidément d'afficher la mine contrite du mâle dominé qui vient tout juste de se faire atomiser, le crâne argenté conclut l'incident en racontant à sa tablée, à grand renfort d'adverbes et d'onomatopées, comment il a taillé un costard au réceptionniste de l'hôtel lors de son dernier voyage au Sénégal parce que la chambre n'était pas prête à l'heure dite...

Troublantes similitudes, vous ne trouvez pas? Mais finalement, qu'est-ce que sept millions d'années à l'échelle de l'histoire de l'univers? Un grain de riz:-)

Pas de riz dans la recette suivante, mais bien des tomates séchées, de la mozarella et du basilic.

Ingrédients (pour environ 16 madeleines):

  • 150 gr de farine
  • 100 gr de mozzarella râpée
  • 15 gr de parmesan râpé
  • 60 gr de tomates séchées
  • une trentaine de feuilles de basilic frais
  • 3 oeufs
  • 1 c. à c. de levure chimique
  • 5 c. à s. d'huile d'olive
  • sel, poivre

Coupez les tomates en fines lanières et hachez les feuilles de basilic.

Mélangez la farine et la levure tamisées. Battez les oeufs avec le parmesan. Incorporez la farine avec la levure, les tomates, la mozzarella, le basilic et l'huile. Salez et poivrez. Mélangez jusqu'à obtenir une masse homogène.

Laissez reposer une heure au réfrigérateur.

Préchauffez le four à 270°. Remplissez les moules à madeleines aux deux tiers et enfournez pendant 4 minutes. Baissez le four à 210° et laissez cuire encore 6 minutes, jusqu'à ce que les madeleines soient bien dorées.

Sortez les madeleines du four; attendez quelques minutes avant de les démouler.

Se consomment froides à l'apéritif, mais sont encore meilleures tièdes en entrée, avec une petite salade à l'accent du sud, genre roquette, tomates, poivrons, échalotes et olives.

Bonne dégustation!

Commentaires

Unknown a dit…
vraiment... te lire est une délectation intellectuelle digne des restaurants les plus étoilés... de grands, très grands moments de bonheur...
Anonyme a dit…
C'est vrai que l'on en croise souvent de ces gorilles...
Heureusement des madeleines ensoleillées, et le rire nous sauvent de ces macaques (pas la même famille peut être ;-)
Anonyme a dit…
Quel délice! Je parle à la fois de tes recettes, et des commentaires qui les accompagnent. Et comme je suis (une fois de plus) d'accord avec toi : le genre gorillesque, décidément, non... je continue de croire qu'entre dominant et dominé, il y a la voie médiane, celle que nous essayons de prendre, individuellement, en couple et en famille...
Gros bisous!

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